Leçons de Ténèbres · Couperin
Sainte-Adresse
17.08.22 ___ 20:30
Eglise Saint-Denis, Sainte-Adresse
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Parmi les grands compositeurs de Louis XIV, François Couperin fut certainement le plus discret. Loin des crises et des chantages du Florentin Jean-Baptiste Lully, loin de la pompe de la Chapelle royale de Michel-Richard de Lalande, il fut pourtant comme eux l’un des rares musiciens à nourrir une relation particulière avec le roi. « Claveciniste ordinaire de la chambre du roi » : voici la charge prestigieuse de François Couperin. Rien d’étonnant à cela : il vient d’une famille de grands musiciens reconnus et déjà bien installés à la cour (après avoir refusé de remplacer son protecteur Chambonnières comme claveciniste, son oncle Louis y fut nommé violiste). Prenant également la suite de son père et de son oncle à la tribune de St Gervais à Paris, François Couperin entretient très tôt un rapport direct avec la musique sacrée. Pourtant dans ce domaine, ses œuvres sont rares. C’est principalement pour le clavecin et l’orgue qu’il a publié : virtuose reconnu et éminent, favori du Louis XIV, il est reconnu de par toute l’Europe pour l’excellent de son toucher sur cet instrument, ses qualités de pédagogue et l’inspiration dont il fait preuve. Bach lui-même l’admire au point de le copier. Ainsi, Couperin ne laisse que peu d’oeuvres sacrées, une seule cantate, et aucun opéra.
Pourtant, le chant français au XVIIe siècle trouve une forme d’apogée dans une œuvre qu’il a composée pour l’Abbaye de Longchamps en 1714 : les 3 leçons de ténèbres pour le mercredi saint. Les religieuses de ce couvent sont alors reconnues pour leurs qualités de musiciennes et Couperin y déploie une écriture digne des plus grandes chanteuses de l’Académie royale de musique. Les deux premières leçons sont composées pour une voix soliste, tandis que la troisième est à deux voix. Les textes reprennent de l’Ancien Testament les lamentations du prophète Jérémie devant Jérusalem détruite par les Babyloniens. A la beauté et à la force de ce texte, Couperin livre une musique inspirée au plus haut point, alternée des séquences théâtrales et d’autres plus contemplatives où les lignes musicales s’entrelacent jusqu’à l’étourdissement. Les rares visiteurs qui pouvaient pénétrer dans les couvents de religieuses au XVIIIe siècle ont souvent évoqué cette sensation d’étourdissement : à l’interdit (les couvents étaient clos), se joignaient le vertige du silence, seulement rompu par le chant des demoiselles faisant résonner des voutes centenaires…
Dessus : Perrine Devilliers et Caroline Weynants
Informations et réservations : Les Musicales de Normandie
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