Histoires Sacrées · Festival OudeMuziek, Utrecht
31.08.21 ___ 20:00
Oude Muziek, Utrecht
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Marc-Antoine Charpentier est la figure la plus atypique dans le tableau des musiciens français du XVIIe siècle. Issu d’une famille d’imprimeurs, ses études le prédestinaient à ce corps de métier. Il a pris néanmoins le parti alors qu’il n’a qu’une vingtaine d’années de tout quitter pour rejoindre Rome et se consacrer à la musique. On imagine que ce voyage lui a permis de découvrir un monde nouveau et un pan de l’art qu’on ignore alors en France : un art du beau chant issu de l’opéra, un goût de la mise en scène qu’il s’agisse de musique profane ou sacrée, la découverte d’harmonie et de couleurs inédites, ou encore la polychoralité. Comme pour les grands peintres, les grands maîtres romains ont nourri la personnalité artistique de Charpentier : non seulement par la fréquentation de leurs oeuvres, mais très certainement aussi par des discussions qu’on imagine passionnées sur l’art musical.
Rentré à Paris, c’est au sein de l’hôtel de Guise que Charpentier a trouvé sa place, au service d’une « femme forte » de ce temps : Marie de Guise. Cette princesse issue d’une lignée aussi prestigieuse que mal en cour, pour avoir participé à la Fronde, a connu l’exil en Italie dans sa jeunesse : elle en a gardé un goût prononcé pour l’art, notamment la musique. Femme libre et indépendante, Marie de Guise ne s’est jamais mariée et n’a d’ailleurs jamais cherché à se rapprocher de son royal cousin Louis XIV. Au contraire, elle a cultivé tout au long de sa vie une indépendance que seule sa naissance pouvait permettre. Elle s’est entourée d’une cour hors norme : sa Maison est constituée de domestiques dont certains sont également d’excellents musiciens et elle s’associe les services de Marc-Antoine Charpentier tout aussi indépendant qu’elle. De beaux esprits fréquentent l’hôtel qui devient un épicentre de la vie intellectuelle et musicale parisienne. C’est dans ce cadre que cette princesse a laissé à Charpentier une grande liberté permettant à son génie de s’épanouir loin des formes imposées par la cour, tout en s’impliquant personnellement sur le choix des textes mis en musique.
Les Histoires Sacrées constituent une exception dans la création musicale de cette époque : inspirées de la musique romaine, elles mettent en musique à la manière d’un petit opéra une histoire édifiante tirée de la Bible ou de l’histoire des Saints. Destinées à être jouées en dehors des offices, ces oeuvres ont-elles donné lieu à des représentations ? Beaucoup d’indices le laissent penser et notamment sur les commentaires et indications laissées par Charpentier lui-même. Tout dans cette musique appelle le théâtre : la présence de personnages et d’un narrateur, les tensions qui se nouent entre eux, les oppositions de groupe. L’enjeu de la représentation du sacré était au coeur de ces Histoires oratorio de Charpentier.
Vincent Huguet, grâce à un dispositif scénographique contemporain léger, relie ces trois femmes en lutte contre le pouvoir, les dieux et les hommes et les passions qui les animent.
Informations et réservations : Festival OudeMuziek
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