Plaisirs du Louvre

Plaisirs du Louvre


Avant Versailles, l’épicentre du pouvoir au Royaume de France était le Louvre, véritable théâtre de cérémonials où la musique se devait de briller par sa magnificence. Bien que moins vaste, commode et confortable que ne l’étaient alors d’autres palais comme ceux de Fontainebleau ou de Saint-Germain-en-Laye, le Louvre était devenu depuis le règne d’Henri III la résidence principale du roi, qui y passait une partie de l’année, principalement les mois d’hiver. Lieu essentiel de la monarchie et de la symbolique royale, c’est là que tout naturellement se déroulaient et se mettaient en scène les événements importants de la vie de la cour, et qu’entre ses murs s’élabora un véritable cérémonial, qui devait atteindre son apogée sous Louis XIV. Dans ce théâtre du pouvoir, la musique, objet de divertissement autant qu’instrument de magnificence, trouvait un cadre à la fois public et intime.

En cette première partie du Grand siècle, quand les Précieuses gouvernent la mode et les arts, les salons sont au centre du monde : on y reçoit, on y cause, on y échange sur les sujets scientifiques du moment, on y déclame des vers composés ou improvisés sur le vif, on y confronte ses points de vue sur les spectacles. Et l’on y entend continuellement de la musique. Cette musique n’est pas que le fait d’histrions dûment rémunérés : s’y adonnent également les plus grands aristocrates, à l’heure où chanter et jouer du luth sont les signes d’une éducation et d’un raffinement parfaits. Sous Louis XIII, la ville et la cour s’influencèrent mutuellement, faisant évoluer les aspirations et les pratiques. Si l’on aimait en société chanter les airs provenant des ballets dansés par ou devant le roi et la reine, la cour cédait à son tour à cette culture galante qui inondait les salons parisiens.

Le premier gentilhomme de France, Louis XIII lui-même est aussi bien danseur, que musicien, et même compositeur. La musique constituait assurément l’un de ses principaux centres d’intérêts (peut-être au-delà de la politique même). Ainsi, la cour de France et la Chambre de Louis XIII sont le miroir de toute cette vie artistique des salons : autour du roi-musicien, les musiciens de la Chambre composent une fine équipe de talents individuels qui brillent tant par leurs interprétations que par leurs compositions. Si la postérité a retenu les noms de Chambonnières, Antoine Boësset, Etienne Moulinié, ou Louis Couperin, il est fascinant de penser aujourd’hui que tous ces artistes de premier plan ont pu travailler quotidiennement ensemble !

La nuit, l’amour, le mystère, la métamorphose, la mythologie constituent autant d’ingrédients savoureux de la poétique de l’air de cour. Parmi les grands maîtres de musique de la cour de France au XVIIe siècle, Antoine Boësset est probablement la personnalité musicale qui aura suscité le plus d’enthousiasme et de passion : ses airs sont imprimés en nombre, adaptés (voix et luth ou en polyphonie), apparaissent pour certains dans les grands ballets royaux depuis la fin des années 1610 jusque bien après sa mort en 1643.

Laissons-nous donc guider par les échos de ces “plaisirs” peuplés de divinités parfois étranges et fantasques, de personnages allégoriques ou issus de l’univers galant, qui faisaient les délices de Louis XIII, des reines Marie de Médicis et Anne d’Autriche et de la cour, dans ce qui fut, avant Versailles, la résidence emblématique des rois de France.

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Anciennes dates